Il y a de ces gens avec qui on échange un peu chaque jour, mais qu’on ne parvient jamais à connaître réellement. Ce n’est pas une mauvaise chose, surtout quand tu es là pour ton café; nul besoin de m’incruster dans ta vie. On reste dans le small talk et ça reste sympathique, quoi.
Puis il y a cette cliente qui vient tard le soir à l’occasion, mais dont on se souvient, parce qu’elle prend de la crème fouettée au chocolat. À mon “how are you?” elle répond en baissant les yeux “Oh I’m okay…”. Je l’ai déjà vue sous de meilleurs jours.
Je lui demande ce qu’elle fait dans la vie, au fait, parce qu’on ne s’en est jamais parlé. Je commence à préparer sa commande mine de rien. Pour le bien de l’histoire, faites comme si j’étais bartender et que j’essuyais des verres en faisant la conversation.
– Oh, I don’t know how to answer to that…
Un passe-temps? Une passion? Quelque chose qui vous distingue des autres? Et elle me sort une pépite d’or (métaphorique, biensûr.)
– I don’t do what I would like to.
Beaucoup de gens auraient posé davantage de questions sur le problème. Pourquoi ne fais-tu pas ce que tu aimes, qu’est-ce qui te manque, pourquoi pas retourner aux études bla-bla-bla.
– So what would you like to do?
Elle m’avoue qu’elle aime chanter. Chanter du rock. Hm! Pop-rock ou rock rock? Rock rock, qu’elle me dit, avec un sourire en coin.
Il y a eu d’autres clients à la caisse et on a dû laisser la conversation telle quelle. Néanmoins, j’ai comme l’impression qu’elle est repartie plus heureuse.
On préfère être connu pour ce qu’on aime, plutôt que ce qu’on fait. Et tant mieux pour les chanceux si les deux se marient bien.