C’est touché (prononcer totché) de parler d’argent, mais voilà, je travaillais un samedi soir et un homme est parti en courant avec nos deux petits cubes de plexiglass, qui contenaient à peu près 2-3$ chacun en change.
Qui vole un oeuf vole un boeuf, qu’ils disent. Ben c’est un peu comment je me suis sentie. Comme si on m’avait privé d’épicerie pour la semaine. J’avais le dos tourné deux secondes quand j’entends le bruit de change scramer par la porte de mon petit lieu de travail vitré, qui était plutôt crowdé pour un petit samedi soir de Novembre. Un gros pincement au coeur.
Les clients en revenaient pas, moi non plus. Certains de mes collègues m’ont demandé une description, mais je n’avais vu que son manteau beige de dos. Il ne correspondait pas à un qu’on avait déjà vu. Il ressemblait pas non plus au petit gros boutonneux qui avait échappé le pot de tips par terre que j’avais surpris il y a plusieurs mois.
Derrière ce comptoir, on travaille fort pour de maigres taux horaires et quelques piastres de pourboire de l’heure. On sourit et donne le meilleur de nous-mêmes (Bah, ok, pas tout le monde, mais je parle pour moi et plusieurs des miens) pour de petites créations d’espresso faites à la main. Et je me doute que la condition de l’homme en question faisait plus pitié que la mienne. Mais j’espère sincèrement que ces cinq piastres serviront à nourrir ses enfants et pas se shooter dans une ruelle voisine.
Rah.