Je suis allée passer une semaine à Nouvelle-Orléans au début du mois de septembre; les premières vraies vacances dont je profite depuis la Californie en 2015. Comme la dernière fois, je suis allée seule, parce que lorsque les vacances s’improvisent à peu de semaines près, on ne peut dépendre de quiconque, sinon on finit par passer ses vacances dans son salon.
Quand on voyage solo, il n’en tient qu’à nous de manger quand ça nous tente, de marcher quand ça nous tente et d’aller se perdre quand ça nous tente aussi. J’ai fait tout cela, et en calculant j’arrive à plus de 73 kilomètres de marche en une semaine, et quelques repas de skippés, parce que le thé glacé suffisait, souvent.
Il faisait chaud, il faisait beau, mon auberge de jeunesse était magnifique, propre et sans prétention. Je me suis sentie comme chez moi, sans l’obligation de dire quoi que ce soit, d’écrire quoi que ce soit, de performer une quelconque tâche. J’étais là, dans une ville qui avait plein de quartiers à découvrir, plein de gens à rencontrer, des pages d’histoire à apprendre.
Je me levais tôt le matin, parce que je suis comme ça. J’entendais deux personnes parler d’un événement au déjeuner et paf c’était mon projet de la journée. La nonchalance que j’avais, je ne l’avais pas eue depuis des lunes. J’étais relax, j’aimais écrire des petits recaps de mes journées, avec quelques photos. Beaucoup m’ont dit que j’étais « courageuse ». Je ne sais pas si c’en est, du courage, mais j’avoue que j’ai eu des moments que j’aurais aimé partager avec quelqu’un, genre mon amoureux qui travaillait à ses deux jobs non stop. On a facetimé une fois et ça a patché mon coeur qui feelait triste.
(Même si
en partant de YUL
j’ai mis mon coeur
en mode avion
Fin de la parenthèse poétique.)
Aucun autobus ne passait assez fréquemment de mon auberge jusqu’à l’aéroport alors j’ai réservé une place dans une navette. En l’attendant, j’ai fait un recap dans ma tête des beaux moments et j’ai commencé à anticiper le retour dans le froid de Montréal, les longues journées de travail, faire l’épicerie, planifier mes lunchs, gérer mes finances, la petite vie régulière et son lot de pression, le quotidien qui n’intéresse personne, les photos de mes journées qui ne sont rarement aussi incroyables ou intéressantes.
La bartender/hôtesse de l’auberge, à qui je confiais que je ne voulais plus partir m’a dit qu’ils cherchaient du staff. Ce serait complètement fou d’accepter, mais j’aurais pu. J’ai rêvé silencieusement, j’ai ajouté ma nouvelle chum sur instagram et un ami de l’auberge et moi on a parlé de nos projets à venir avant de se saluer et s’ajouter sur facebook.
J’ai souri jaune au chauffeur qui m’a accueilli dans la navette blanche et son air climatisé. Une fois installés, on a mis le cap sur l’aéroport et le chauffeur nous a animés un peu, le groupe de personnes âgées et moi.
- Y’ guys all ate what you wanted ‘a eat?
- (Tous en choeur) Yes!
- Y’ guys all drank what you wanted ‘a drink?
- (Une femme crie plus fort) YES!
- Well that was a quick yes ma’m!
Et le choeur a ri. Et je retenais la grosse boule dans ma gorge, les yeux pleins d’eau.
- It was good to see you all, but it’s time to go home now
- (Une dame âgée) Yes, it’s time.
Et ça a jasé de leurs familles, leurs compagnons qu’ils retrouveraient à la maison. J’adore mon amoureux et ma famille, mais y’a des fois où je resterais habiter dans d’autres villes quelques mois, le temps de me défaire de la routine et me rappeler l’essentiel.
Les réseaux sociaux me rappellent un peu de ces endroits que je visite et laisse derrière moi. Ça me permet de vivre encore Brighton, Portland, San Francisco, Santa Monica, New Orleans et de profiter malgré tout du grand air de Montréal en automne. Je n’ai personne de proche avec qui me rappeler ces souvenirs, ni les pleurer, alors aussi bien ravaler tout et je continue, parce que c’est ce que tout le monde fait.
Une réflexion sur “Un syndrome post-vacances”